AZERTY, la lettre qui nous parle des mots

Mots de l'actu, mots pour frimer, néologismes débridés... chaque mois, AZERTY donne rendez-vous aux addicts du lexique et c'est pas triste.

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Par Anne Debrienne
27 juin · 2 mn à lire
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La guerre des impôts a déjà lieu !

Le nouveau numéro d'Azerty vous invite à causer tranches d’imposition, à découvrir pourquoi on dit une tranche de fromage et pas une tranche de formage et même à compter les passagers qui prennent l’avion (sans les couper en tranches). C'est pas triste.

#37 - Juin 2024

👩🏻 Bonjour à tous mes addicts du lexique. Alors que nous allons reprendre le chemin des urnes en tremblotant, j’ai osé en rajouter avec un sujet qui fâche. Mais c’est pour la bonne cause, bien sûr. Et puis on va parler aussi de plein d’autres choses réjouissantes… Vous avez bouclé votre ceinture ? Parce qu’il peut y avoir aussi des turbulences au pays des mots.

📆 LE MOT DE L’ACTU

Gabelle

Photo de StellrWeb sur Unsplash Photo de StellrWeb sur Unsplash

C’était le 6 juin. Oui, il y a une éternité. C’était avant le « coup de tonnerre » de la dissolution, le « coup de poker », le « coup du sort » (cochez la version de votre choix). Le 6 juin donc, c’était la date limite de déclaration en ligne des revenus pour la dernière « tranche » des départements français. L’occasion de rappeler qu’au Moyen Âge la gabelle était un impôt indirect sur le sel ? Ou de préciser que le véritable impôt sur le revenu a été inventé pour financer la guerre ? Les deux, mon percepteur. En Angleterre, c’était en 1799 pour financer la guerre contre les révolutionnaires français. En France, c’était en 1916 qu’on remplissait la première déclaration de revenus. Depuis, la participation équitable à la contribution collective a toujours été l’objet de choix hautement politiques et idéologiques. Aujourd’hui, vu l’importance de ce qu’on appelle l’optimisation fiscale et les défis de toutes sortes que la collectivité doit financer, il en va de la solidité de notre contrat social. C’est le sujet passionnant de Tax Wars, un documentaire à voir ici avant le 4 juillet… La guerre des impôts fait rage et ce n’est pas dans une galaxie lointaine.

😎 LE MOT POUR FRIMER

Métathèse

Photo de Zoe Schaeffer sur UnsplashPhoto de Zoe Schaeffer sur Unsplash

En cas d’Assemblée Nationale fort divisée, certains se demandent si la France sera gouvernable à partir du 8 juillet. Charles de Gaulle s’en désolait déjà pour d’autres raisons, avec cette phrase célèbre : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? ». Cela nous fait une transition sympathique pour frimer en fin de repas tout en reproposant du Cantal. Vous pouvez lancer par exemple que l’origine du mot fromage cache une métathèse ! L’étymologie du mot fromage montre en effet que l’on disait au départ formage, en faisant référence au moule qui permettait de le former. Mais le mot formage va subir au fil du temps une permutation des sons r et o pour donner fromage. En linguistique, cette permutation est une métathèse. Drôle de nom pour un problème d’élocution qui a fait tache d’huile.

🧐 LES MOTS DU CORRECTEUR

Rien de moins qu’une incitation à sniffer

« Rien de moins que » et « rien moins que » ont un sens tout à fait opposé, mais dans la précipitation, on peut se prendre les pieds dans le tapis en les confondant. Un moyen mnémotechnique existe, en pensant bien fort à des piles alcalines. La moins longue des deux expressions (sans de) est négative : « nullement », « pas du tout », se traduit donc par « rien moins que ». La plus longue des expressions (avec de) est positive/affirmative : « vraiment », « tout à fait », se traduit donc par « rien de moins que ». Vous pouvez vous entraîner ici. Et sinon, oui, la poudre en vente libre Sniffy qui s’inhale comme de la cocaïne (14,90 € le gramme, fruit de la passion, bonbon fraise ou menthe fraîche), ce n’est rien de moins qu’une incitation à sniffer dès le plus jeune âge. On fait le point ici sur la scandaleuse simili-coke. Contre les cyniques qui ont osé une telle mise sur le marché, il y a vraiment des bourre-pifs qui se perdent.

💬 LES MOTS ENTRE GUILLEMETS

Effectivement, mon cher Aristote, c’est au pied du mur qu’on reconnait la puissance de l’adrénaline. Le récit de l’attaque d’un randonneur par un ours dans le Wyoming nous en offre un rappel. Cela permet en plus de réviser les 5 règles d’or à suivre quand on se retrouve face à ce type de projectile à fourrure de 200 kilos. J’y ai découvert aussi le joli mot « ordalie » qui fait quand même froid dans le dos. Au Moyen Âge, c’était une façon de s’en remettre au Jugement de Dieu sous la forme d'épreuves (par l'eau, par le feu…) : si l'accusé était innocent, Dieu, qui le savait pertinemment, l'aidait à surmonter l'épreuve… Alea jacta est, en somme.

😳 LE MOT QUI DONNE LE JET-LAG

Avihonte

Photo de Oskar Kadaksoo sur UnsplashPhoto de Oskar Kadaksoo sur Unsplash

Vous bougez cet été ? Laissez-moi deviner… Ce sera en train et à dos d’âne dans les Cévennes parce que vous faites de l’avihonte ? Ce mot avihonte, c’est la tentative de traduction du mot flygskam lancé par les Suédois : c’est la honte de prendre l’avion parce que cela rejette trop de CO2. En même temps, il y a de quoi se sentir seul quand on fait de l’avihonte. En effet, la fréquentation aéronautique a enregistré un nouveau record en 2024 : 5 milliards de passagers. Le « monde d’après » envisagé pendant la pandémie de Covid ne décolle pas on dirait. On s’en étonne (ou pas) avec ce petit point en vidéo (moins de 3 min.). Bon, exceptionnellement, si vous partez à Dubaï en classe affaires, vous pouvez rester quand même abonnés à Azerty.

De toute façon, que vous partiez en train, à cheval ou en soucoupe, je vous souhaite de très très bonnes vacances. C’est vraiment dénué d’originalité mais toujours apprécié 😉

👉 LES MOTS DE LA COM’, C’EST MON MÉTIER
On s’en parle quand vous voulez.

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