#48 - Juin 2025

👩🏻 Bonjour à tous mes addicts du lexique. Je divulgâche direct en répondant à la question : non, le cadmium ne vous rendra pas plus éloquent. Il pourrait même, à long terme, vous rendre définitivement muet. Bien sûr, vous aurez le fin mot de l’histoire en lisant ce numéro #48 écrit sans ventilateur, sans climatiseur et sans cacatoès à huppe jaune pour m’hydrater. Par ailleurs, si vous me lisez, c’est que votre airbag n’a pas encore explosé et croyez bien que je m’en réjouis.

📆 LE MOT DE L’ACTU

Éloquence

Photo de Kane Reinholdtsen sur Unsplash

Pour cette rubrique, j’aurais pu jeter mon dévolu sur « escalade » ou sur « canicule », dont l’étonnante étymologie vient de « petite chienne » (à ne pas confondre avec un temps de chien). Mais cela nous aurait peut-être mis le moral un peu plus au fond de la piscine. Alors, puisque nous avons commémoré ce 18 juin l’appel de Charles de Gaulle en 1940 et que les futurs bacheliers doivent se prêter à l’exercice du Grand Oral jusqu’au 2 juillet, voici que l’éloquence s’est finalement imposée à moi pour faire son numéro. Grâce à elle, on peut tout autant éclairer les esprits égarés et embrigader les moutons quand les fascismes sont de retour. D’ailleurs, si le silence est d’or dans les dictons, savoir convaincre à l’oral est de plus en plus une qualité majeure. Je vous propose donc un plongeon dans l’art oratoire avec le reportage radio « Tous éloquents ! ». Vous serez dans les coulisses du concours annuel Eloquentia, mais aussi avec les jeunes inscrits à une formation de France Travail ou auprès des avocats qui assurent la défense pénale des plus démunis. Si l’impact d’un discours est difficile à mesurer avec précision, on peut aussi s’interroger sur une arme rhétorique redoutable : la « considération » pour son auditoire. À lire et considérer juste ici, malgré une coquille d’orthographe que vous pouvez vous amuser à débusquer.

😎 LE MOT POUR FRIMER

Cadmium

Photo de Wouter Supardi Salari sur Unsplash

Pour changer de l’uranium que vous hésitez à enrichir dans la centrifugeuse qui dort au fond d’un placard de votre cuisine, je vous propose de faire la connaissance du cadmium. Apparemment, lui nous connait déjà très bien. À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement du 5 juin, les Unions régionales des médecins libéraux ont publié une lettre ouverte pour alerter sur l’ampleur de notre contamination au cadmium et sur sa dangerosité. C’est quoi encore ce méchant ? Le cadmium est un métal blanc argenté aux propriétés proches du zinc et que l’on retrouve en quantité trop importante dans les engrais phosphatés utilisés en France. Si les médecins ont pris la plume, c’est que ce métal lourd est fortement suspecté dans l’accroissement exponentiel des cancers du pancréas, une spécificité française. Notre imprégnation au cadmium par l’alimentation aurait doublé en une décennie et serait même trois fois supérieure à celle des adultes américains. Pourquoi de tels taux en France ? C’est à découvrir ici en attendant une réglementation. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne pourra pas mettre le cadmium sous le tapis comme on enfouit du CO2 en Norvège par carboduc.

🧐 LES MOTS DU CORRECTEUR

Ne vous retranchez jamais dans votre fort intérieur

Déjà vous n’êtes pas sûrs d’être à l’abri d’un missile russe. Ensuite, on écrit « for intérieur ». Ce mot « for », un peu feignant, n’a qu’un seul emploi : dans cette unique expression. Ce « for » vient de forum, la place publique de la Rome antique où on débattait fort. Dans votre for intérieur, vous pouvez en quelque sorte débattre entre vous et vous-même. Vous voulez absolument construire un fort cet été ? Commencez déjà par poser une ganivelle (mot suggéré par un fidèle d’Azerty !). C’est tellement plus écolo et poétique.

💬 LES MOTS ENTRE GUILLEMETS

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