Le nouveau numéro d'Azerty vous invite à recompter vos joyaux, même immatériels, à toucher du bois si vous allez « à la grève », à vous méfier des mouchards numériques bourrés de bonnes intentions et à découvrir le repère (oui, avec un è) du capitaine du Nautilus. C’est pas triste.
👩🏻 Bonjour à tous mes addicts du lexique. J’espère que vous avez bien profité de votre heure de sommeil en plus dimanche dernier et que vous ne regardez pas trop de travers le moindre monte-charge que vous croisez dans la rue. Avouez qu’avec tout ça, il y a une chose qu’on n’a pas volée : une petite pause lexicale garantie sans monstre d’Halloween (si, si).
Photo Laboratoire Médident
Non, non. Pas cette couronne-là. À moins d’avoir passé le mois d’octobre dans un bunker de déconnexion équipé d’un potager en aquaponie, vous n’avez pas pu échapper au vol minute de huit joyaux de la Couronne dans la galerie d’Apollon du musée du Louvre. Personnellement, j’étais encore plus sidérée par les premières réactions du nouveau ministre de l’Intérieur. Déplorant une sécurisation défaillante de nos musées en général, c’était comme s’il envoyait un signal à tous les chasseurs de butins : « Allez-y sans crainte ». Le plus grand musée du monde a connu pas mal de chapardages d’envergure. On a beaucoup reparlé de la Joconde volée en 1911, mais saviez-vous qu’à ce moment-là le jeune Pablo Picasso avait été interrogé parce qu’il avait été lié à un précédent vol commis au Louvre ? C’est à découvrir ici. Et pendant que la France souhaiterait bien revoir ses joyaux de la Couronne, des millions d’Américains manifestent parce qu’ils ne veulent surtout pas d’un roi Donald 1er. Déjà des histoires de couronnes alors qu’on est encore à deux mois de l’Épiphanie.
Photo de Dayne Topkin sur Unsplash
Avec tout ça, il ne manquerait plus que les gardiens et gardiennes de musée nous fassent une grosse grève, n’est-ce pas ? Pour repousser le Malin et les cambrioleurs, il nous resterait les objets à vocation apotropaïque. Ce joli mot veut dire « qui conjure le mauvais sort », mais en beaucoup plus classe. En mode apotropaïque, vous êtes aussi peut-être à deux doigts de toucher du bois pour qu’on ne se prenne pas un missile russe nouvelle génération ? Détendons-nous en explorant l’origine de l’expression « toucher du bois » juste ici. On y apprend que les Grecs de l’Antiquité caressaient des arbres frappés par la foudre pour apaiser la rage de Zeus.
Et sinon, pour la grève, j’en profite juste pour glisser qu’à une certaine époque ce mot n’avait pas du tout le même sens qu’aujourd’hui : au Moyen Âge, on disait « aller à la Grève » comme on dirait aujourd’hui « aller à Pôle Emploi ». Pour voir comment nous sommes passés de l’attente du travail à l’arrêt du travail, c’est par ici.
Dans un moment d’égarement, on peut être tenté d’écrire « Rien de telle qu’une bonne motion de censure ». Reprenons-nous : l'expression "rien de tel" est invariable car le "tel" est l'adjectif épithète de "rien" et s'accorde toujours avec lui. On écrira donc « Rien de tel qu’une bonne motion de censure » tout comme « Rien de tel qu’un cambriolage pour faire la pub de son monte-charge ». C’est en effet ce que le fabricant du monte-charge utilisé pour le casse du Louvre n’a pas hésité à faire. C’est même la femme du patron de l’entreprise familiale qui a eu l’idée du slogan : "Quand il faut faire vite". En termes d’humour aussi, rien de tel que la réactivité de la répartie.
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