Cette édition a failli être censurée…

Le nouveau numéro d'Azerty vous invite à distinguer le n’importe quoi de la vraie liberté d’expression, à vous méfier de vos potes milliardaires, à vous excuser avec des pincettes et à ne pas ressasser le passé comme un mauvais remake. C'est pas triste.

#43 - Janvier 2025

👩🏻 Bonjour à tous mes addicts du lexique. Tout le monde vous a déjà souhaité une merveilleuse année, mais l’envoi décalé d’Azerty m’oblige à en rajouter une couche, à deux doigts de la date de péremption qu’impose le savoir-vivre. En même temps, je suis pas mal à l’heure pour le nouvel an chinois. Que les mois à venir vous gâtent donc au-delà même de vos espérances. Je vous souhaite du rose, du miel, du bonheur en quantité phénoménale… à tel point que j’ai bien failli m’autocensurer dans ce numéro pour cause de légère noirceur des sujets traités. À vous de me dire si votre sourire a résisté 😃

📆 LE MOT DE L’ACTU

Censure

Photo de Kristina Flour sur UnsplashPhoto de Kristina Flour sur Unsplash

On n’est pas bien là en train de croiser les doigts des mains et des pieds pour que le monde ne nous réserve pas encore des horreurs en 2025 ? En tout cas, on peut dire que « censure » est le mot du mois à plus d’un titre. Primo, sa menace dans l’hémicycle a occupé à plein temps notre classe politique. Deuzio, le 11 janvier, on commémorait les 10 ans de l’attaque terroriste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Une bande de comiques qui refusaient farouchement de céder à l’autocensure, ce poison lent qui décourage de critiquer. Dix ans déjà. L’occasion de se demander ce qui pourrait aujourd’hui jeter dans la rue 4 millions de manifestants au nom de la liberté d’expression. Cette dernière profite d’un droit bien encadré en France, alors qu’à la cour de Monsieur Trump, les magnats américains du numérique en ont une interprétation où règne la loi du plus fort et du plus haineux. Mais bizarrement, ce sont les mêmes qui sont quand même prêts à censurer un dessin de presse soulignant leur allégeance à Donald Trump (dans le Washington Post racheté par Jeff Bezos). Y a-t-il la vilaine censure et la bonne censure ? Très certainement au regard de la façon dont notre loi française encadre la liberté d’expression, pour que l’espace public reste respirable. Néanmoins, endiguer la propagation des fausses informations manipulatrices et des contenus haineux, ce n’est pas de la bonne censure aux États-Unis. Au pays des dystopies hollywoodiennes, la nostalgie du Far West va-t-elle faire régresser dangereusement la démocratie ? Les scénaristes de l’année 2025 hésitent encore sur la chute.

😎 LE MOT POUR FRIMER

Broligarchie

Bien sûr, j’imagine que vous êtes hyper au point sur l’oligarchie, forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante. Dans la même famille, on met aussi l’aristocratie, la technocratie, la ploutocratie des plus riches ou la moins connue épistocratie des plus éduqués. Avec la bande de frères ennemis de la Silicon Valley, le néologisme « broligarchie » vient de surgir et il n’aura plus de secret pour vous après cette courte vidéo. « Bro » (qui vient de l’anglais brother) désigne par extension un super pote. Cela nous donne donc une « oligarchie de potes » qui qualifie assez bien le clan désormais aux commandes des États-Unis. En plus de leurs milliards en banque et d’une idéologie fortement libertarienne à tendance masculiniste d’extrême-droite, les potes en question ont un hubris surdéveloppé. Et vous savez quoi ? Hubris, c’est le mot le plus recherché sur le site du dictionnaire Le Robert en 2024. Coïncidence ? Je ne crois pas. Quant au bras levé d’Elon Musk, il s’agit bien d’un symbole fasciste… puisqu’un tel salut romain n’a jamais vraiment existé. Petit point historique en vidéo juste là.

🧐 LES MOTS DU CORRECTEUR

Alors, on ne s’excuse pas ?

Vous n’avez pas envoyé vos vœux ? Et vous êtes à deux doigts de vous en excuser ? Attention à ne pas accumuler les fautes lourdes. Normalement, on ne s’excuse pas soi-même, puisque c’est à la personne que vous avez blessée/négligée/offensée (je vous laisse cocher…) de vous excuser si elle en a la magnanimité. On préférera donc « Je te présente mes excuses », « Je vous prie de m’excuser » ou même « Excusez-moi » qui est une prière plus qu’un ordre. Il semblerait que l’usage se détende comme on le raconte ici, mais on marche sur des œufs frais quand même. Et sinon, je sais que vous avez sûrement très peu écrit à la main pour souhaiter une bien bonne année. La pratique de l’écriture manuscrite connait de toute façon une régression historique… au profit notamment des messages vocaux dont le nombre a explosé (7 milliards par jour). Mais que perdons-nous lorsque nous cessons d’écrire à la main ? Une belle réflexion à lire juste ici ou une autre à écouter juste là.

💬 LES MOTS ENTRE GUILLEMETS

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AZERTY, la lettre qui nous parle des mots

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Par Anne Debrienne

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